Journalistes et communicants : un débat pour mieux se comprendre

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Tribune Natacha Heurtault, Fondatrice EarlyCom. Débat et réflexions autour des relations journalistes/communicants : sont-ils bousculés dans leurs pratiques métiers ?

#JaimeLaPresse

MediaConnect, filiale de l’Agence France-Presse, le groupe de communication Hopscotch et le magazine Challenges ont réuni huit* hauts responsables de médias et d’agences de communication le 17 novembre dernier. Avec comme intitulé « Journalistes & communicants : Sortir de la guerre des tranchées ? » ce débat abordait la traditionnelle et épineuse question des relations entre attachés de presse et médias.

Relations entre attachés de presse et médias

Avec la transformation digitale de leurs métiers respectifs et le contexte particulier des restrictions sanitaires, les relations journalistes/communicants sont bousculées.

Pour mieux saisir l’enjeu de ce débat, rappelons la publication d’une tribune par treize associations de journalistes en mai 2021 dans le quotidien Libération. Pour ces représentants de journalistes de tous secteurs, recueillir et vérifier les informations est devenu plus compliqué. En cause les restrictions sanitaires qui ont réduit les conférences de presse et leur nombre de participants autorisés, la constitution de pool de journalistes trop réduit, le filtrage des questions par téléphone ou messagerie, la réduction des sources d’information.

Thuy-Diep Nguyen, rédactrice en chef de Challenges et Hugues Dago, responsable éditorial de MediaConnect, les deux animateurs de ce débat, ont bien sûr évoqué cette tribune témoignant d’une dégradation entre communicants et journalistes. Ils ont également évoqué le chiffre de 2 communicants pour un journaliste aux États-Unis il y a vingt ans contre 6,5 communicants pour un journaliste aujourd’hui. Cette tendance serait équivalente en France. Et elle illustre un constat partagé par tous :

  • une paupérisation des rédactions et
  • une structuration des directions de communication corporate.

Résultat : les journalistes sont confrontés à beaucoup d’interlocuteurs avec « énormément de communicants qui communiquent sur des sujets qu’ils ne connaissent pas » déplorait Pierre-Henri de Menthon, directeur de la rédaction de Challenges. Et puis le métier de journaliste est remis en question par la digitalisation selon Benoît Désveaux, directeur général de Hopscotch. « Les entreprises engagent des conversations via les réseaux sociaux avec l’ensemble de leur écosystème et il y a donc une prolifération de contenus et d’intervenants et non plus uniquement la Presse. »

Demander à relire les citations… une question de confiance ?

Lucie Prusak, présidente de l’Association des journalistes de l’information sociale, témoigna du problème récurrent des demandes de relecture de citations et parfois même d’articles par les services de relations presse. C’est peut-être un manque de confiance entre les deux parties mais cela peut aussi témoigner de l’importance de la Presse. « Sur certains sujets les journalistes veulent simplifier pour être compréhensibles, ils risquent alors de faire des erreurs. Si ce sont des sujets sensibles alors c’est problématique » rapporte Anne-Laure Descleves, directrice de la communication d’Eurotunnel. Pas toujours simple de gérer la communication financière réglementée d’une société cotée qui, en plus, est en première ligne dans le drame des migrants à Calais.

Enfin pour Anne Meaux, dirigeante de l’agence Image 7, « le secret n’existe plus dans le monde moderne donc inutile de chercher à tout maitriser dans sa communication ». Pour elle, l‘éthique des journalistes est indispensable pour les différencier des flux d’informations des réseaux sociaux. Anne Meaux estime avoir besoin de journalistes honnêtes, sans idéologie, compétents et cultivés. Comme il n’y aurait que 29% de Français qui pensent que les journalistes sont indépendants des pouvoirs politiques et des pouvoirs financiers selon un chiffre rapporté lors du débat, la question de la confiance est centrale dans les relations communicants/journalistes/public.

Pour conclure : ce compte-rendu avec un peu de légèreté, retenons les propos de Fabrice Fries, président-directeur général de l’AFP. Pour préparer ce débat, il a interrogé les journalistes du département économique de l’AFP.

Qu’est ce qui les agacent chez les communicants ? Ceux qui sont incapables de répondre eux-mêmes aux questions sans en référer ailleurs, ceux qui veulent relire des citations, ceux qui rappellent pour savoir si on a bien reçu leur communiqué, ceux qui abusent des anglicismes et des mots « bienveillant », « impacter », « agile », « résilient » et « inclusif »…

Revoir le débat sur YouTube :

Journalistes & communicants : Sortir de la guerre des tranchées ?

*Intervenants :

Anne-Laure Descleves – Directrice de la communication de Getlink (Eurotunnel).
Benoît Désveaux – Directeur général et membre du directoire Hopscotch.
Fabrice Fries – Président-directeur général de l’AFP.
Anne Meaux – Présidente d’Image 7.
– Pierre-Henri de Menthon – Directeur de la rédaction de Challenges.
Lucie Prusak – Présidente de l’AJIS (Association des journalistes de l’information sociale).
– Amaury de Rochegonde – Président de l’AJM (Association des journalistes médias).
Xavier Simon – Managing Director Western Europe de Cision.

Marc Michiels

Marc Michiels

Rédacteur en chef Culture RP, Content Marketing et Social Média Manager : « Donner la parole à l’autre sous la forme d’une tribune, une interview, est en quelque sorte se donner à lire ; comme une part de vérité commune, pour qu'apparaisse le sens sous le signe… ». / Retrouvez-moi sur LinkedIn

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