Planète média, géopolitique des réseaux et de l’influence

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Tribune Philippe Boulanger, géographe, professeur des universités à Sorbonne Université : Comment mesurer l'impact de la globalisation des médias sur la recomposition des interdépendances entre sociétés ?

#ParoledExpert

Quelles sont les rivalités de pouvoirs entre acteurs médiatiques et comment influencent-elles les mutations géopolitiques mondiales ?

La question apparaît essentielle aujourd’hui tant la communauté des médias et les réseaux d’influence exercent un rôle primordial dans la géopolitique mondiale. Elle n’en demeure pas moins complexe pour comprendre les enjeux des rapports de force à différentes échelles géographiques et à différents niveaux de pouvoirs. L’ouvrage se veut donc synthétique pour y répondre en distinguant le plus grand nombre de sujets.

Les réflexions de ces dernières décennies en sciences humaines, et en particulier en sciences de l’information et de la communication, mettent en évidence le rôle actif des médias dans la croissance des échanges mondiaux sur le plan économique et sociologique, mais aussi sur le plan géopolitique. Comme le souligne le géographe Jacques Barrat, à la fin des années 2000, les médias sont à la fois reflets et acteurs des mutations géopolitiques. Ils en sont une représentation géopolitique dans la mesure où ils donnent à voir et à comprendre les dynamiques géographiques, les entités économiques et politiques, les contradictions des sociétés humaines. Les médias sont aussi, écrivait-il, révélateurs des inégalités entre les continents, les aires culturelles et les nations. Ils traduisent les grands équilibres et déséquilibres du monde contemporains.

Les médias, considérés au sens large, constituent, en effet, un facteur de bouleversements considérables de la géopolitique mondiale.

La mise en place des réseaux de fibre optique sous-marins ou des constellations de satellites dans le New Space, la puissance des grands groupes du Global media, l’essor des cyberconflits, les concurrences entre les cités des médias, l’émergence des smart cities, les guerres du sens et les batailles de la perception à travers les médias, l’utilisation des réseaux sociaux dans les mouvements de contestations populaires, apparaissent comme des dynamiques géopolitiques qui produisent des dynamiques géopolitiques majeures dans un environnement géostratégique devenu plus instable depuis le début des années 2010.

Parallèlement, le regard des journalistes, le traitement médiatique des faits, la représentation géopolitique des crises et des conflits participent aussi à élaborer une autre approche de la géopolitique des médias. Cette approche analyse les discours, les images, les supports médiatiques utilisés, dont l’objectif consiste à comprendre les enjeux que constituent les stratégies territoriales des acteurs auprès de l’opinion publique et des États.

En somme, Planète média, géopolitique des réseaux et de l’influence consiste en l’étude des rivalités de pouvoirs sur un territoire entre les acteurs médiatiques et de la représentation de ces luttes d’influence par les médias. Les sources et les outils d’information sont à la fois des enjeux de domination de l’opinion comme des moyens privilégiés pour comprendre les stratégies de contrôle, les tensions et les rivalités entre les acteurs.

Les thématiques abordées mettent toutes en évidence des dynamiques récentes tout en s’inspirant de décennies d’expérience.

Un premier ensemble de sujets tend à expliciter l’approche géopolitique des médias, le rapport entre « Géopolitique, mondialisation et médias ». Il met en évidence le déplacement des centres de gravité du développement et du rayonnement des médias à l’échelle mondiale depuis le XXe siècle. L’internationalisation et la mondialisation des médias favorisent de nouvelles productions de territoires et participent à la recomposition territoriale de l’interdépendance des sociétés.

Un deuxième ensemble de sujets aborde les rapports entre la mondialisation, les rivalités de pouvoir et les médias. Il s’intéresse à la prédominance des médias américains dans la géopolitique mondiale, en mettant en évidence leur utilisation dans la logique d’influence mondiale, la conception et la mise en œuvre de la Global Information Dominance dans les relations internationales et les luttes de pouvoirs des grands groupes de médias américains. La géopolitique des médias participe également à recomposer les rapports de force entre les continents et entre les États.
À l’instar de la Chine, de l’Inde ou du Brésil, les pays émergents s’appuient sur les médias pour étendre leur influence régionale ou mondiale, s’imposer sur la scène politique comme économique.

Enfin, de manière plus large, l’influence des médias dans les rapports de force entre les communautés humaines s’observe dans bien d’autres domaines, comme ceux du rayonnement de la pratique religieuse et linguistique.

Un troisième ensemble traite de la place des médias dans les relations internationales et les conflits. Ceux-ci sont des rouages essentiels de la diplomatie des États. À l’heure de la communication par Internet et de l’usage des réseaux sociaux, ils sont devenus de nouveaux instruments dans les rapports de force entre les États et/ou les communautés non étatiques. Dans les conflits armés, leur utilisation s’affirme à partir du XIXe siècle et devient un champ d’action spécifique de l’activité militaire. L’information et la communication constituent des nouveaux enjeux pour gagner la guerre du sens et la bataille de l’influence au sein des populations, parallèlement à la manière de représenter les conflits et d’influencer l’opinion publique.

Un dernier aspect s’intéresse à un autre champ d’action qui préoccupe de plus en plus les États : le cyberespace. Les doctrines comme les moyens utilisés permettent de prolonger l’approche des médias dans les conflits à une nouvelle dimension des rivalités de pouvoirs. L’ensemble de ces questions géopolitiques, en évolution permanente, constitue les différentes approches de cet ouvrage.

Planète médias

Géopolitique des réseaux et de l’influence, Ed. Armand Collin.

Philippe Boulanger, géographe, est professeur des universités à Sorbonne Université. Il intervient dans différents établissements universitaires (École normale supérieure de Paris, université Panthéon-Assas, université Panthéon-Sorbonne, Écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidan, École de guerre). Depuis 2012, il dirige la Revue de géographie historique.

Outils d’intelligence collective et collaborative, mais aussi de contrôle, d’influence et de domination, les médias jouent aujourd’hui un rôle incontournable sur la scène géopolitique mondiale. Domination des grands groupes industriels du global media, traitement médiatique permanent des crises et des conflits, fake news et influence des réseaux sociaux dans la sphère politique… le soft power médiatique constitue une grille de lecture décisive pour comprendre les mutations et les évolutions contemporaines.

Comment mesurer l’impact de la globalisation des médias sur la recomposition des interdépendances entre sociétés ? Quels sont les rapports entre mondialisation, rivalités de pouvoir et médias, révélant à la fois la prédominance américaine et les utilisations mises en œuvre par les pays émergents ? Quel rôle les médias jouent-ils dans les relations internationales et les conflits, depuis leur exploitation dans le champ d’action militaire aux nouvelles rivalités du cyberespace ? Tel est l’ensemble des questions abordées par cet ouvrage.

Contact presse : Estelle Drouard ([email protected])

Marc Michiels

Marc Michiels

Rédacteur en chef Culture RP, Content Marketing et Social Média Manager : « Donner la parole à l’autre sous la forme d’une tribune, une interview, est en quelque sorte se donner à lire ; comme une part de vérité commune, pour qu'apparaisse le sens sous le signe… ». / Retrouvez-moi sur LinkedIn

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