Tribune de Nadia Bahhar-Alves, Consultant Senior-Account Manager.
Twitter, créé en 2006 et reconnu en 2013 comme étant le 2ème réseau social le plus populaire au monde (1) , stagne aujourd’hui à 310 millions d’utilisateurs par mois (2) – MAU- Monthly Active Users – alors que ses « concurrents » tels que Facebook, Snapchat ou encore Instagram continuent de connaître une progression en nombre d’utilisateurs beaucoup plus forte.
Que ce soit à cause de cette stagnation, de ses résultats financiers médiocres ou bien des gros remous qui ont marqué sa gouvernance, le petit oiseau bleu n’a pas cessé depuis 2 ans d’alimenter les plus folles rumeurs et spéculations négatives, dans les médias notamment.
La montée en puissance des autres réseaux sociaux, pour ne citer ici que Snapchat qui engrange plus de 150 millions d’utilisateurs actifs par jour (3) – DAU – Daily Active Users – est au cœur des débats utilisateurs/cibles versus prise en main des marques/médias, et ne fait que souligner l’écart qui se creuse entre l’utilité première de Twitter et l’évolution récente des autres réseaux.
En effet, Twitter a été conçu et pensé comme une plateforme de microblogage ou microblogging permettant aux utilisateurs de diffuser des messages courts, des « tweets », dans la limite des 140 caractères. La réciprocité n’y est pas obligatoire et l’application s’est démocratisée très rapidement auprès d’un public novice puisqu’il était à la base limité aux avertis à savoirs les bloggeurs, journalistes ou influenceurs.
Ainsi, tout un chacun peut désormais se créer un compte Twitter et entrer en « twisttophère ». L’objectif ? Simplement suivre (« Follow ») des individus, personnalités, entreprises, marques influentes ou attractives, ou bien s’inscrire dans une démarche de relais d’informations de tous types (institutionnelle, musicale, politique, business, …) afin de se constituer un réseau et d’émerger de la masse pour être à son tour reconnu comme influenceur.
Twitter est-il mort ou proche de son déclin ? Les nombreuses publications actuelles ne dessinent pas un avenir radieux à ce réseau social qui avait été pensé, sur la base de la gratuité, pour connecter les personnes au-delà de nos frontières et de nos habitudes de communication. Chiffre d’affaires en berne, système applicatif en retard, limites spécifiques (140 caractères notamment) quirestreignent son utilisation (versus Facebook par exemple) et désenchantement des nouveaux utilisateurs pour qui la prise en main de l’outil peut parfois s’avérer complexe : la plateforme autrefois reine du microblogging vacille dangereusement.
A cette question, il est important de rappeler ou d’indiquer que sa mutation de réseau social à média social marque ici toute la différence avec les autres réseaux sociaux, tels que Facebook ou Snapchat (ciblant plus particulièrement la tranche des 18-24 ans), ou encore Instagram, qui ont pour vocation de créer une réciprocité, contrairement au petit oiseau bleu.
Twitter est devenu à part entière un média, qui livre informations, nouveautés et fait écho de l’actualité en temps réel sur diverses problématiques, différents sujets (société, généraliste, politique, mode, santé, éducation, finance…) vers différentes cibles (grand-public, journalistes, spécialistes, entreprises, influenceurs, bloggeurs…). Sa mutation en qualité de média fait aujourd’hui de lui un acteur important et incontournable dans l’écosystème de (la course à) l’information en continu et dans le « tracking » du/des sujet(s) tendance(s) (TT – Tweet Trend) ou phare(s) de la journée, de la semaine, voire de l’année.
Sa mort annoncée relève-t-elle du fantasme ou d’une menace bien réelle ? Ne faut-il pas prendre en compte le statut particulier qui fait de cette plateforme un média à part entière et non plus un réseau social, étiquette qui lui colle encore « aux ailes » ? Peut-on décemment continuer de comparer des plateformes qui ne sont objectivement plus comparables ? Je vous renvoie sur ce sujet à cette excellente tribune de Marie Dollé, publiée sur L’ADN du 09 juin 2016 (4).
Pour finir : ne faut-il pas considérer Twitter comme ce réseau social devenu média qui ne demande qu’à achever sa mue pour acquérir un tout autre statut ? Il est clair qu’aujourd’hui la disparition de Twitter serait sûrement vécue comme un cataclysme pour un nombre certain d’utilisateurs ou de followers, malgré la désaffection qu’il connaît actuellement et son manque de renouveau. En effet, au-delà des chiffres, au-delà de ses limites actuelles, aucun média social n’a autant d’impact et de portée que Twitter actuellement.
Force est par conséquent d’admettre que Twitter ne semble pas avoir tout à fait dit son dernier tweet et son influence sur tous les sujets ne tend pas à décroître, bien au contraire ! Soyons patients et attendons donc demain, pour voir sous quelle forme l’oiseau achèvera sa mue…
Nadia Bahhar-Alves / @Nad_Alves / fr.linkedin.com/in/nadiabahhar
