Entendez la voix des femmes…

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Interview de Marie-Céline Terré, Fondatrice d'Ozinfos : Lorsque le porte-parole est une femme, on relève qu’elle demande systématiquement d’être très accompagnée dans sa préparation, là où les hommes se pensent spontanément au niveau.

#JaimeLaCom

Voxfemina est une Association créée il y a 12 ans. Plateforme interactive, elle propose aux journalistes un accès privilégié à de nombreuse femmes qualifiées pour donner un avis d’expert dans leur domaine de compétence avec deux idées fortes : faire évoluer la société en général, l’économie et les entreprises en particulier, vers un meilleur équilibre hommes-femmes ; et être un levier de la visibilité des femmes dans les médias et la constitution de répertoires d’experts féminins.

Voxfemina est aussi partenaire de nombreuses associations tels que l’Association Femmes Ingénieurs et A3F, Fédération Femmes Administrateurs, PWN, BPW, Parité Assurance, 2GAP.

Susciter des vocations, sensibiliser les jeunes et les moins jeunes à la place que notre société accorde aux femmes expertes est la raison d’être de Voxfemina. Nous avons collectivement un rôle à jouer concernant les sujets de parité en général, mais plus particulièrement dans les médias qui ont un effet démultiplicateur.

Valérie Tandeau de Marsac, Présidente de Voxfemina.

Marie-Céline Terré, pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure en co-fondant l’association Voxfemina ?

Par mes études, puis par mes premières expériences professionnelles, j’ai été sensibilisé à la place inégale qui était faite aux femmes en termes d’accès aux responsabilités, à la juste rémunération. En 2008, le rapport sur l’image des femmes dans les médias, remis par Michèle Reiser et Brigitte Grésy, faisait plusieurs constats parmi lequel une infériorité numérique des femmes en situation d’expertise, tous médias confondus. A l’invitation de Valérie Tandeau de Marsac avec laquelle je travaillais, un groupe de 9 femmes en responsabilité a décidé de créer début 2010, une association dont l’unique objet est de valoriser et promouvoir une représentation équilibrée et non stéréotypée des femmes dans les médias.
Nous étions convaincues que le vivier existait bel et bien et que la première urgence était de le mettre à la disposition des journalistes pour qu’ils aient davantage de choix. Ainsi est né la première plateforme interactive Voxfemina.

Quels sont les actions que l’association a menées et dont vous êtes la plus fière ?

Être présente dans un annuaire ne suffit pas pour être sollicitée. Le concours femmes en vue, lancé en 2014, propose aux lauréates de disposer d’un accompagnement d’une journée dans une rédaction pour mieux appréhender les impératifs des médias et aussi se former à la prise de parole dans les médias. Femmes en vue connait un vif succès et a permis à Voxfemina de nouer des liens de proximité avec de grands médias comme France Média Monde, le groupe TF1 qui ont accompagné cette démarche.

De plus, j’ai été désignée pour représenter plusieurs années durant l’association aux réunions organisées par le CSA sur la question de la représentation des femmes dans les médias, occasion de suivre de près les engagements que l’autorité a demandé aux chaines sur la question de l’équilibre de représentation hommes/femmes dans les émissions de débat.

Pour vous aujourd’hui que signifie être une femme dans nos sociétés et singulièrement dans les entreprises ?

Entre 1982 et 2019, la part des femmes a doublé passant à 42 des professions intellectuelles supérieures et d’encadrement. Malgré la loi Copé-Zimmerman, il reste encore un plafond de verre, celui de la direction générale, de la Présidence de grandes sociétés. En 2020 seul un quart des entreprises pouvaient justifier d’une quasi-parité hommes femmes pour les 10 plus hautes rémunérations. Le grand remplacement n’est pas pour tout de suite !

C’est pourquoi la loi Rixain votée en décembre 2021 impose des quotas de représentation de femmes aux entreprises de plus de 1000 salariés, 30% de femmes cadres-dirigeantes et de 30% de femmes membres des instances dirigeantes dès 2027, puis 40% en 2030 est une nouvelle étape !

Culture RP a eu le privilège de vous interroger l’année dernière sur « Les Professionnels des RP ont un rôle à jouer pour une meilleure représentation des femmes dirigeantes dans les médias« . Les lignes ont-elles évoluées ? Et si oui comment ?

C’est en fait assez difficile au-delà des bonnes intentions. En tant qu’agence, nous proposons systématiquement à nos clients de donner la parole aux femmes… mais on se heurte souvent aux mêmes freins : les femmes même en situation d’expertises souffrent encore du complexe d’illégitimité, proposant de donner la parole qui leur est offerte à une autre personne qu’elles jugent plus qualifiée : un collègue masculin ! (le contraire se présente rarement).

Lorsque le porte-parole est une femme, on relève qu’elle demande systématiquement d’être très accompagnée dans sa préparation, là où les hommes se pensent spontanément au niveau.

Enfin, de nombreuses entreprises ne disposent pas encore de porte-parole femme, on n’avance pas assez vite, c’est pourquoi, on attend beaucoup de la loi Rixain.

Les médias font leur part du job et la plupart ont depuis longtemps créé des prix célébrant la réussite des femmes, mais de nombreuses femmes d’entreprise, universitaires, restent encore sous les radars. La crise sanitaire nous le montre, combien de femmes scientifiques sur les plateaux depuis un an ?

Marie-Céline Terré, membre active d’Information Presse & Communication, Dirigeante fondatrice de l’agence Ozinfos.

Plus généralement, quelle doit-être la place des femmes dans les médias, dans les entreprises et la sphère publique ? Et êtes-vous favorable à la notion de quota, pour rendre effectif cette parité ?

J’ai longtemps été à l’instar d’Élisabeth Badinter, contre le principe des quotas que je jugeais discriminant. Mais force est de constater que cela marche. Pragmatique, je suis donc pour.

Si vous avez un conseil à donner aux femmes se serait lequel ?

Il faut se lancer, et multiplier les occasions. C’est comme cela qu’on apprend et que la prise de parole devient moins « angoissante ».

Si vous aviez un conseil à donner à certains hommes vis-à-vis d’eux même et envers les femmes, vous aimeriez qu’ils changent quoi ?

Attention au syndrome Azincourt ! Tellement sûre de sa supériorité technique, numéraire et de la pérennité des règles de l’honneur et de la chevalerie, la haute noblesse française s’est embourbée toute seule et a été décimée, en 3 heures par les troupes du jeune Henri V d’Angleterre, plus pragmatique et agile.

Enfin, quels sont les dernières actualités de Voxfemina ?

La série de podcast « Pitch & talk ». Elle donne la parole à des femmes témoignant de leur expérience de prise de parole dans les médias, afin de la dédramatiser. Elle a été lancé le 25 février dernier avec 4 premiers épisodes autour de Maryse Aulagnon, Mercedes Erra, Louisa Renoux et Valérie Tandeau de Marsac.

Marc Michiels

Marc Michiels

Rédacteur en chef Culture RP, Content Marketing et Social Média Manager : « Donner la parole à l’autre sous la forme d’une tribune, une interview, est en quelque sorte se donner à lire ; comme une part de vérité commune, pour qu'apparaisse le sens sous le signe… ». / Retrouvez-moi sur LinkedIn

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