Citiza une plateforme de mise en relation entre citoyens et les médias

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Interview Audrey Pharamond Dit D'Costa et Michaël Dornic, Co-fondateur de la plateforme Citiza : Sur le marché de l’information, la vérité a besoin d’être entendue et partagée au plus grand nombre : la collaboration entre citoyens et médias profite à tous. 

#JaimeLaCom

Citiza a été fondé par Audrey Pharamond Dit D’Costa et Michaël Dornic. Le projet est né d’une volonté d’apporter une solution aux difficultés d’informations rencontrées par les journalistes pour obtenir rapidement des contenus exclusifs sans pour autant être présents directement sur place. Cette problématique se veut locale, internationale, là où se passent un évènement, une actualité…

Les fondateurs de Citiza ont décidé de faciliter la mise en relation entre les citoyens et les médias, pour réduire le coût et le temps nécessaires pour rechercher des informations, simplifier la collecte de témoignages, et permettre un partage en temps réel entre les témoins et les médias au sein d’une communauté.

L’engagement, la co-construction, – tout en garantissant une actualité authentique et vérifiée -, voilà en quelques mots l’ambition de cette solution innovante. Culture RP a souhaité en savoir plus auprès de ses deux co-fondateurs.

Sur le marché de l’information, la vérité a besoin d’être entendue et partagée au plus grand nombre : la collaboration entre citoyens et médias profite à tous. 

Audrey Pharamond Dit D’Costa, co-fondatrice Citiza.

Comment est née l’histoire de Citiza et pourquoi cette solution réinvente l’expérience journalistique et citoyenne ?

Que ce soient la guerre en Ukraine, la révolution du peuple iranien, les inondations causées par le réchauffement climatique, ou encore les manifestations en France, la photographie amateure a imposé sa présence sur les Unes des grands médias grâce aux images prises par les témoins directs du drame, avec leur téléphone portable. Comme jamais auparavant, le téléphone est devenu la principale plateforme de diffusion d’information : il permet aux citoyens de dénoncer, témoigner et donner un tout autre point de vue en photographiant ou filmant des événements dont ils ont été témoins.

Mais nous constatons que le partage massif de ces vidéos et photos sur les réseaux sociaux comporte des risques : n’importe qui peut publier n’importe quoi, et des personnes qui ne maitrisent pas un sujet peuvent transmettre une information erronée.

Il nous paraissait donc nécessaire de faire émerger ce journalisme collaboratif : face à la désinformation massive que peuvent diffuser les réseaux sociaux, le travail journalistique est plus que jamais essentiel. La collaboration entre citoyens et médias profite ainsi à tous : en intégrant les témoignages visuels ou audio des citoyens, les médias s’enrichissent de points de vue différents sur des thèmes locaux ou internationaux.

Nous avons été confortés dans notre projet par l’expérience d’un de nos amis, aujourd’hui reporter en Afrique : il rencontrait des difficultés à récupérer rapidement du contenu pour couvrir l’actualité, les frontières des pays en guerre étant souvent difficilement accessibles aux journalistes, et le continent trop vaste pour se déplacer rapidement. Il rêvait d’avoir une banque d’images à disposition, alimentée par les citoyens africains.

La raison d’être de Citiza est donc double : pour les citoyens, devenir acteur de l’information et collaborer avec les médias pour couvrir professionnellement l’actualité. Et pour les médias, réduire le temps de travail de collecte, de vérification de contenus, et faciliter la mise en relation avec les témoins.

Parlez-nous de l’usage applicatif et de la praticité de votre solution sur mobile. Comment cela fonctionne-t-il pour quels enjeux médias comme pour les citoyens ?

Citiza est une application mobile qui permet aux citoyens de partager ce qu’ils voient et ce qu’ils vivent à travers des témoignages visuels (photo et vidéo) et audio sur une plateforme sécurisée. Elle permet aux citoyens et médias d’accéder à des actualités instantanées et authentiques, grâce à une technologie de vérification de contenus.

Véritable trait d’union entre les citoyens et les médias, Citiza a pour vocation d’être utilisée par tous les corps de métier du secteur de l’information : médias, agences presse, journalistes indépendants, blogueurs, écoles, et conférenciers.

Ils pourront ainsi couvrir l’actualité dont les citoyens ont été témoins, passer des appels à témoin géolocalisés sur des évènements locaux, nationaux ou internationaux pour enrichir leur contenu, et diffuser l’information au plus grand nombre.

En contrepartie, les médias devront reverser une contribution aux citoyens qui le souhaitent, pour toute exploitation professionnelle de leur témoignage.

Quel est la garantie pour les médias que l’information publiée n’est pas une infox ?

Citiza repose sur une solide architecture, qui met en œuvre des technologies de pointe : une identification automatique des fake news à travers une Intelligence Artificielle unique sur le marché, une qualification de contenus permettant une recherche facilitée des témoignages par affinité et pertinence, un transfert de propriété et une monétisation de chaque contenu.

La vérification des contenus publiés par les témoins se fait via un algorithme qui permet de confirmer la date, l’emplacement et le mobile propriétaire du contenu. Ce travail de vérification est renforcé par nos logiciels qui permettent de scanner le contenu en lui-même et ainsi d’écarter toute publication qui aurait été truquée.

Enfin, Citiza permet aux médias d’échanger directement avec les témoins, anonymes ou non, via un système de messagerie sécurisée, pour mieux comprendre le contexte de leur publication et identifier les sources potentielles sur le sujet.

Quelles sont les contreparties pour les médias envers les citoyens, notamment financier ?

La première raison pour laquelle aujourd’hui un citoyen nous envoie un contenu est avant toute chose la reconnaissance de son engagement. Ils sont les premiers « spect-Acteurs » de l’actualité et sont, pour un certain nombre d’entre eux engagés et mobilisés sur diverses causes : l’environnement, la santé, les crimes de guerre, la maltraitance animale… Le fait de pouvoir aider les médias dans leur investigation pour faire évoluer les choses est déjà une première preuve de leur engagement. A ce propos, à notre lancement en septembre 2022, nous avions reçu un grand nombre de photos et de vidéos des incendies en Gironde de la part des citoyens qui souhaitaient montrer au plus grand nombre les dégâts causés, en partie par les négligences des habitants mais également amplifiés par le réchauffement climatique.

La contrepartie financière est également une façon de récompenser le travail des personnes qui ont été sur place pour prendre des clichés d’un fait d’actualité. Parmi notre communauté, nous comptons un certain nombre de photographes indépendants pour qui la production de contenu fait partie de leur cœur de métier. Il nous paraissait donc naturel d’intégrer cette rémunération sous forme de droits d’auteur auprès des personnes qui le souhaitent et dont le contenu est exploité par des médias. Les prix proposés aux médias intéressés par les contenus seront fixés en fonction de leur format (photo, vidéo ou audio) et de leur exclusivité.

La collaboration entre citoyens et médias profite à tous, vous mettez en avant un journalisme collaboratif, mais peut-on aussi parler de la mise en pratique d’un certain journalisme de solution en temps réel ?

Effectivement, les sujets sur lesquels les citoyens sont les plus mobilisés sur Citiza aujourd’hui sont variés : le pouvoir d’achat avec notamment les manifestions des Gilets Jaunes, les conflits armés, les catastrophes naturelles causées par le réchauffement climatique, les conditions d’élevage des animaux…

Les alertes lancées par les citoyens peuvent alors permettre une prise de conscience plus rapide de certains problèmes de société, et favoriser la recherche de solutions par les parties compétentes. C’est pourquoi il nous a paru nécessaire de mettre en place sur Citiza un système d’appel à témoins qui permet aux médias d’identifier ces différents problèmes économiques, sociaux ou encore écologiques.

Afin de faciliter leur travail d’investigation journalistique, Citiza peut être considérée comme un couteau suisse de collecte d’information : il permet aujourd’hui d’accéder à des actualités de citoyens instantanées et vérifiées, d’échanger avec les témoins en temps réel sur une plateforme sécurisée et d’obtenir en quelques clics les droits d’auteur d’un contenu citoyen.

Quels développements futurs avez-vous en préparation pour optimiser l’engagement et faire que Citiza devienne un média à part entière ?

Citiza est une toute jeune application. Sa vocation reste aujourd’hui d’être l’intermédiaire entre les citoyens et les médias et de faciliter le travail d’investigation des journalistes.

 Sa version Android est en ligne depuis septembre 2022 et est disponible en deux langues :  Français et Anglais. Elle réunit déjà une communauté de plus de 30 000 citoyens engagés, médias et photographes indépendants sur les réseaux sociaux. Nous sommes en train d’établir de premiers contrats avec des agences indépendantes de photographes.

L’application iOS sortira en 2023, enrichie d’une Intelligence Artificielle de vérification de contenu. La même année, nous prévoyons de nous concentrer sur la recherche et développement de notre projet d’intégration des NFT dans l’application.

Dans un premier temps, Citiza se déploiera en France mais ambitionne de se développer rapidement à l’international, notamment en Afrique, un continent qui a particulièrement besoin du journalisme collaboratif.

Quel est le modèle économique de votre proposition de valeur ?

Notre modèle économique repose sur un système de rémunération simple et cadré : la plateforme Citiza touche une commission sur chacune des ventes de contenu effectuées auprès des médias. Nous percevons également une commission sur les ventes de contenus provenant de nos partenaires, comme les agences presse.

Enfin, nous proposons aux médias un abonnement qui permet de publier des appels à témoin sur Citiza et d’obtenir la liste des témoins qui se sont signalés présents.

Enfin, pensez-vous que le modèle de l’ubérisation soit un mouvement de fond de nos sociétés et si oui, pourquoi la notion de liberté reste à redéfinir dans un paysage du vivre ensemble ?

Nous pensons que toute solution économique, innovante ou non, qui facilite les relations entre plusieurs entités, reste bonne, dès lors où il n’y a pas de rapport de force entre elles ou exercée par un intermédiaire. Et c’est sur ce principe d’indépendance et de liberté que nous avons construit Citiza.

La genèse de Citiza partait du constat qu’aujourd’hui, les journalistes rencontraient un certain nombre de problèmes dans leur quotidien : récupération de contenus ciblés, vérification des contenus, identification des sources, mise en relation avec les témoins, obtention des droits d’auteur… Ce qui complexifiait et ralentissait la publication d’une information.

Il nous paraissait donc évident de faciliter la mise en relation entre les citoyens et les médias pour réduire le coût de cette recherche d’informations, en termes de budget et de temps.

Mais l’indépendance passe aussi par la notion de connaissance du cadre légal qui nous entoure : aujourd’hui, un grand nombre de citoyens ne connaissent pas leur droit en termes de diffusion d’image, de monétisation de contenu, de protection menée sur les lanceurs d’alerte ou de transfert de droits d’auteur d’un contenu. Il est donc question de « mieux » cadrer les échanges entre les citoyens et médias, dans la légalité et la transparence des lois existantes, mais surtout de créer un terrain favorable à ces échanges. Notre innovation ne réside pas dans notre processus économique mais plutôt dans les solutions trouvées pour lutter contre la diffusion de fake news, comme notre algorithme de vérification de contenu, qui reste le combat de Citiza.

Notre volonté, avec le lancement de Citiza, est d’améliorer les conditions de travail journalistique en favorisant l’interaction avec le citoyen, afin de favoriser la transparence et la circulation d’informations vérifiées.

BIO

Audrey Pharamond Dit D’Costa :

Audrey Pharamond Dit D’Costa est titulaire d’un Master II Économie et Marketing de l’IAE Bordeaux, et d’un Executive MBA de l’EDHEC. Elle travaille depuis 15 ans dans le e-commerce et le marketing digital, dont cinq ans dans le conseil en marketing stratégique. Elle a également enseigné à l’Université Paris Dauphine au sein du Master 1 « Distribution et relation client ». Audrey a plusieurs domaines d’expertise : les Relations Presse, la Communication, le Marketing Relationnel, mais aussi la gestion et animation des communautés.

Michaël Dornic :

Michaël Dornic a plus de 8 ans d’expérience dans le domaine de l’IT en tant que full-stack developer, front-end developer, software developer, tech-lead CRM et consultant. Il a mis son expertise au service de grandes entreprises comme American Express, mais aussi de startups innovantes comme HomeExchange.com, Joone et Pretto. Depuis 6 ans, il enseigne le HTML5/CSS3 à l’école EFREI de Paris, dans laquelle il a été formé.

POUR EN SAVOIR PLUS

Marc Michiels

Marc Michiels

Rédacteur en chef Culture RP, Content Marketing et Social Média Manager : « Donner la parole à l’autre sous la forme d’une tribune, une interview, est en quelque sorte se donner à lire ; comme une part de vérité commune, pour qu'apparaisse le sens sous le signe… ». / Retrouvez-moi sur LinkedIn

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